Actuellement la Suède est déjà dans le peloton de tête des pays les moins dépendant du pétrole. Depuis la crise des années 1970, la politique suédoise en matière d'énergie et d'environnement est très orientée vers une large contribution des énergies renouvelables au mix énergétique du pays. Selon l'Agence suédoise de l'énergie, en 2002, 41% de l'énergie produite en suède provenait du pétrole, 14,2% du nucléaire et 35% des sources renouvelables. L'utilisation de la biomasse et l'hydraulique sont les principales énergies renouvelables de la Suède avec une part respective de 59% et 40%. La production d'énergie renouvelable a presque doublé en 30 ans en passant de 92 TWh en 1971 à 166 TWh en 2002. Mais il existe encore un énorme potentiel du côté de la géothermie, de l'éolien et du solaire. La tendance des 20 dernières années indique que la consommation d'énergies renouvelables progresse tandis que celle du pétrole diminue. L'industrie en est la principale illustration. L'utilisation de pétrole dans ce secteur est demeurée stable depuis 1994 alors que la production industrielle a augmenté de 70% sur la même période.
Le gouvernement suédois souhaite accélérer cette tendance plus spécifiquement dans le domaine de l'habitat et des transports. Selon la ministre, il est inacceptable que beaucoup de propriétaires dépendent du pétrole pour leur chauffage et soient ainsi gravement pénalisés par l'augmentation des prix du pétrole. Elle prévoit donc un allégement fiscal pour aider les propriétaires à se convertir aux énergies renouvelables. Estimant que les institutions publiques doivent montrer l'exemple, il est prévu que ces aides soient également profitables aux collectivités pour les bibliothèques, les piscines ou encore les hôpitaux.
Au niveau des transports, la ministre estime que la rupture de la dépendance à l'égard du pétrole dans le secteur de transport sera un grand défi et le gouvernement a donc une politique ambitieuse pour augmenter le pourcentage des carburants renouvelables. Il est notamment prévu d'augmenter l'offre des voitures propres et d'en inciter l'achat par des carburants renouvelables bon marché, une absence de taxe et la gratuité des parkings et des péages urbains comme celui installé à Stockholm pour ces véhicules propres. La Suède travaille également activement avec l'Union Européenne pour permettre un mélange plus élevé d'éthanol dans l'essence, une mesure qui aurait rapidement un grand effet positif, explique la ministre en rappelant que le rajustement du secteur de transport exige des efforts internationaux et nationaux avec de larges contributions des chercheurs, de l'industrie, des utilisateurs et de l'état.
Le gouvernement prévoit également de relancer la recherche et le développement dans le domaine de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Le budget de recherche doit augmenter pour atteindre 87,5 millions d'euro par an. Des travaux de recherche-développement particulièrement intéressants sont en cours en matière de biocombustibles, concernant notamment les techniques de gazéification pour les combustibles bois et les liqueurs noires dans l'industrie des pâtes et papiers, les technologies de production de biocarburants et les techniques d'incinération à petite échelle visant à minimiser les émissions de substance dangereuse.
Pour mener à bien ce programme un comité composé d'industriels, d'universitaires, d'agriculteurs, de constructeurs automobiles et de fonctionnaires a été créé. Selon la ministre du développement durable, la Suède a la chance d'être un modèle international et un acteur incontournable pour les solutions de rechange. Mais ceci exige des investissements conscients et non une politique réactionnaire qui obstrue la transition aux sources énergétiques alternatives.
Avec ses 9 millions d'habitants, la Suède est persuadée que la rupture de sa dépendance à l'égard du pétrole lui ouvrira de nombreuses occasions de renforcer sa compétitivité et son développement technologique.
D'ici 2020, aucune maison n'aura besoin de pétrole pour son chauffage et aucun automobiliste ne sera obligé d'utiliser de l'essence comme unique option. D'ici là il y aura toujours de meilleures sources d'énergie que le pétrole, conclut la ministre.