Au cours de la première phase qui s'est déroulée de 1995 à 2000, environ 150 actions de recherche ont été soutenues pour un montant total d'environ 8 millions d'euros de crédits incitatifs. La seconde phase a débuté en 2001 et vient de se terminer. Elle comporte une vingtaine d'actions de recherche pour un budget d'environ 2,5 millions d'euros. Les travaux ont concerné à la fois l'identification des pollutions atmosphériques, les impacts sanitaires, les mécanismes toxicologiques, les méthodes de mesure mais également la perception des risques par la population française.
Le projet POVA (Pollution des Vallées Alpines) par exemple, a été initié dans le cadre de ce programme à la suite de l'incendie du tunnel du Mont-Blanc en mars 1999, qui avait alors entraîné des conditions exceptionnelles de circulation dans les vallées de Chamonix et de la Maurienne. Les objectifs de POVA étaient de comparer la qualité de l'air des deux vallées, d'évaluer la part respective des différentes sources d'émission et de développer un outil de modélisation de la chimie atmosphérique permettant de réaliser des études de scénarios.
L'ensemble des mesures entreprises confirme très largement la grande sensibilité des vallées alpines, parfois plus polluées que les grandes zones urbaines : les émissions y sont plus faibles mais dans ces sites où la topographie et la météorologie sont parfois très pénalisantes, les niveaux de concentration peuvent augmenter par accumulation. Selon cette étude, le trafic routier des poids lourds semble responsable d'une large part des concentrations atmosphériques mesurées aussi bien en Maurienne qu'à Chamonix. Cependant, l'influence d'autres sources est visible, notamment en ce qui concerne le chauffage individuel et plus particulièrement celui au bois, ainsi que les activités industrielles.
Un des débouchés majeurs de ce programme a été la mise en place d'un outil de modélisation adapté aux vallées encaissées où une spatialisation fine des résultats est indispensable.
Le projet GENOTOX'ER fait également partie du programme PRIMEQUAL parmi les nombreuses études dédiées aux impacts sanitaires de la pollution atmosphérique. Il avait pour objet de décrire l'exposition de populations urbaines aux particules atmosphériques et au benzène dans le but de procéder à une évaluation du risque de cancer.
Menée à Grenoble, Paris, Rouen et Strasbourg, l'étude a permis de caractériser l'exposition à certains métaux et composés organiques cancérigènes présents dans l'air, selon les caractères des activités et les lieux de vie des personnes volontaires pour cette recherche.
Elle a apporté des informations riches pour apprécier l'exposition de la population urbaine aux particules en suspension et à certains de leurs constituants et a révélé une hétérogénéité tant entre les villes qu'au sein d'une même ville. Ces informations vont être utilisées pour actualiser les conditions de la surveillance de la qualité de l'air et l'utilisation des données qui en résultent du point de vue de l'évaluation du risque sanitaire.
Elle a également permis de confirmer que le trafic routier contribue de manière appréciable à la mortalité par cancer du poumon en France même si son impact est beaucoup plus faible que celui de la consommation de tabac.
Une autre équipe de recherche s'est penchée sur l'utilisation des pesticides ménagers en milieu domestique, la perception des risques liés à cette utilisation par la population et son influence sur les comportements d'utilisation.
D'après l'enquête tous les ménages, sans exception, utilisent des pesticides. Les insecticides, désinfectants, fongicides et herbicides sont les plus usités. Concernant les opinions et les attitudes, 83 % des personnes interrogées pensent que la pollution environnementale est très importante, 57 % pensent que l'environnement peut être préservé et se positionnent eux-mêmes comme acteurs principaux dans la préservation de l'environnement, 55 % se déclarent favorables à l'agriculture biologique et 48 % ne sont pas inquiets vis-à-vis des risques liés à l'alimentation.
En outre, 47 % sont insatisfaits de l'information reçue à propos de ces problématiques. Pour 80 % des individus, l'utilisation des produits pesticides en agriculture est considérée comme un risque majeur pour la santé et l'environnement, bien qu'elle soit utile. A contrario, l'utilisation des pesticides ménagers dans les logements n'est pas un risque majeur identifié dans la vie de tous les jours.
Les résultats de ce travail permettent de combler en partie l'absence de données. Ils sont dès à présent disponibles et utilisables pour les agences françaises en charge de l'évaluation des risques, notamment dans le cadre de l'élaboration des scénarios d'exposition aux insecticides.
Le domaine de la pollution atmosphérique fait également l'objet de nombreuses recherches dans d'autres pays. Une étude récente publiée dans la revue Environmental Health Perspectives et menée en Corée du Sud vient de démontrer que la pollution atmosphérique augmentait le risque d'accouchement prématuré. Les chercheurs ont mis en évidence une relation significative entre l'exposition pendant le premier trimestre de grossesse à des taux élevés de particules PM-10, de dioxyde de soufre (SO2), de monoxyde de carbone (CO) et dioxyde d'azote (NO2) et les accouchements prématurés. 52.000 grossesses ont été étudiées entre 2001 et 2002 en se basant sur les caractéristiques des parents (age, lieu de vie, niveau social) et l'exposition aux polluants grâce à des modèles de dispersion de la pollution.
Selon les chercheurs, les seuils à partir desquels un risque a été détecté sont plus bas que les normes mises en place par la plupart des pays à l'heure actuelle.