La nouvelle algue verte, la Caulerpa racemosa, a été repérée pour la première fois en 1990 sur la côte libyenne. Elle touche depuis cette date plus de 500 km de côtes. Elle frappe 11 des 18 pays méditerranéens, seuls le Maroc, l'Algérie, les territoires palestiniens, Israël, le Liban, la Serbie et la Slovénie sont épargnés.
En France, la nouvelle algue se développe sur une vingtaine de sites entre Marseille et Menton ainsi qu'en Corse, au large de Bastia et dans le parc marin international des Bouches de Bonifacio. Elle a rencontré près de Nice, la Caulerpa taxifolia, algue tropicale classée par l'IUCN (Union mondiale pour la nature), association scientifique faisant autorité, dans les 100 espèces envahissantes les plus nocives au niveau planétaire. Caulerpa taxifolia est une algue verte, que l'on peut trouver dans les mers tropicales. Elle a été observée pour la première fois en Méditerranée en 1984. Elle proliférait fin 2003 sur 17.000 hectares et quelque 300 km de côtes de six pays.
Caulerpa racemosa et Caulerpa taxifolia sont toutes deux originaires du sud de l'Australie. La première est plus petite mais se propage plus rapidement grâce à un système de reproduction que ne possède pas la Taxifolia.
Les souches envahissantes de Caulerpa qui colonisent la Méditerranée, la Californie et l'Australie présentent des caractéristiques qui les rendent très compétitives. Elles sont susceptibles de coloniser de très nombreux types de fonds et leur expansion peut avoir une influence sur les habitats et la biodiversité marine. La toxicité de ces algues leur procure un avantage supplémentaire dans la compétition avec les espèces indigènes mais aucun risque n'est toutefois mis en évidence pour la santé humaine.
Lorsque C. taxifolia et C. racemosa s'implantent sur les fonds marins, leurs axes rampants et leurs rhizoïdes tissent rapidement une couverture compacte qui piège les sédiments et stoppe la lumière. Le substrat devient peu à peu inaccessible aux autres organismes fixés, aux autres algues en particulier. Une prairie monotone et et pauvre en espèces peut ainsi remplacer la vingtaine de communautés et de faciès algaux existant généralement dans les petits fonds méditerranéens
Le laboratoire du professeur Meinesz, qui assure le suivi de la Taxifolia pour la France depuis 1989, a pris également en charge la nouvelle espèce envahissante.
Source : Avec AFP
Référence bibliographique :
VERLAQUE M., FRITAYRE P., 1994. Modifications des communautés algales méditerranéennes en présence de l'algue envahissante Caulerpa taxifolia (Vahl) C. Agardh. Oceanologica Acta, 17 (6) : 659-672
PIAZZI L., CECCHERELLI G., CINELLI F., 2001b. Threats to macroalgal diversity : effects of the introduced alga Caulerpa racemosa in the Mediterranean. Mar. Ecol. Progr. Ser., 210 : 149-159.