Alors que la truite de mer est régulièrement observée au cours des prospections, c'est la première fois qu'un salmonidé présentant toutes les caractéristiques d'un saumon atlantique (Salmo salar) est capturé dans l'estuaire de la Seine (taille 62 cm pour un poids de 1840 g). La prise inattendue a été faite le 19 octobre 2004 au niveau. Un spécialiste de l'INRA a confirmé que ce poisson capturé à hauteur d'Aizier (Eure) est bien un saumon sauvage. Il s'agit d'un ''castillon'', c'est-à-dire un saumon qui aurait passé un an en eau douce et un an et demi en mer et qui effectuerait sa première migration de reproduction dans ce fleuve. L'hypothèse d'un individu provenant d'un élevage peut apparemment être écartée d'après l'analyse de l'état des écailles. Il s'agirait donc bien d'un saumon sauvage qui se serait retrouvé isolé entre deux zones où l'espèce est déjà bien implantée : la Bresle au nord et l'Orne au sud. Deux autres saumons présentant des critères externes identiques ont été observés à Duclair, au débouché de l'Austreberthe (petit affluent en Seine Maritime).
La disparition de la Seine de ce grand migrateur est survenu progressivement durant la première moitié du XXème siècle, notamment en raison de la multiplication des barrages sur le fleuve (obstacles infranchissables, sauf ouvrages adaptés, pour rejoindre les frayères situées en amont de Paris). Le saumon est d'ailleurs considéré comme une espèce menacée d'extinction à l'échelon national. Il figure dans les annexes II et V de la Directive Européenne Habitats-Faune-Flore et les biotopes favorables à l'espèce sont à protéger (arrêté du 8/12/88).
Ajouté au fait que l'éperlan, petit migrateur lui aussi devenu très rare à partir des années 1970 et qui se reproduit dans les eaux douces de l'estuaire, a véritablement reconquis la Seine au cours des cinq dernières années, ces deux évènements semblerait augurer d'une tendance notable à l'amélioration de la qualité des eaux et des milieux. Les actions de recherche et le suivi entrepris dans le cadre du programme Seine-Aval permettront de préciser la dynamique d'évolution de cet estuaire.
M. le Président Chirac pourra donc peut-être se baigner un jour dans la Seine comme il l'avait promis en 1977…