La 14e conférence des parties (COP14) à la convention sur la diversité biologique (CDB) s'est achevée le 29 novembre à Sharm El-Sheikh (Egypte) comme elle avait commencé deux semaines plus tôt. C'est-à-dire dans la discrétion.
Les Etats parties à la convention ont adopté le processus préparatoire à l'élaboration du cadre d'action pour l'après 2020. Date à laquelle prendra fin le programme actuel constitué par les 20 objectifs d'Aichi, adoptés en 2010, qui ne seront pas tenus pour la plupart.
Processus participatif et englobant
"Un processus participatif et englobant a été établi pour élaborer, au cours des deux prochaines années, un nouveau cadre mondial pour la biodiversité, en vue de son adoption par la prochaine COP, prévue en Chine fin 2020", se félicite Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat française à la Transition écologique.
Les présidences égyptiennes et chinoises des COP ont annoncé conjointement avec le secrétariat de la Convention un agenda de l'action, baptisé "De Sharm el Sheikh à Pékin", en vue de faire participer toutes les parties prenantes au processus. Une annonce qui correspond à la démarche retenue lors de la COP21 sur le climat et qui avait permis de fédérer les différentes initiatives non étatiques.
Les Etats se sont également engagés à des contributions volontaires en faveur de la biodiversité dans la déclaration de Sharm El-Sheikh adoptée à l'issue du segment de haut niveau qui s'est tenu les 14 et 15 novembre. Dans cette déclaration, rapporte l'International Institute for Sustainable Development (IISD), les gouvernements s'engagent à oeuvrer pour intégrer la biodiversité dans tous les secteurs, à éliminer ou réformer progressivement les subventions et autres incitations néfastes, à renforcer les approches écosystémiques d'adaptation au changement climatique et d'atténuation de ses effets, à promouvoir des modes durables de production, de consommation ainsi que l'économie circulaire, et, enfin, à faciliter l'accès aux technologies pertinentes et leur transfert.
Ambition insuffisante
"S'il s'agit d'un pas essentiel pour accélérer les efforts afin de mettre un terme à la dangereuse érosion de la biodiversité, l'ambition affichée par les Etats est encore insuffisante pour y parvenir", réagit le WWF à l'issue de cette conférence. L'ONG appelle les pays membres à "développer une vision commune et une ambition politique au plus haut niveau pour parvenir à un New Deal pour la Nature et l'Humanité" lors de la COP15 à Pékin en 2020. Une volonté politique forte "qui a malheureusement manqué lors de cette COP14", déplore Marco Lambertini, directeur général du WWF International.
D'ici 2020, les gouvernements ont plusieurs occasions pour se racheter. L'Assemblée générale des Nations unies a été chargée par les signataires de la déclaration de Sharm El-Sheikh de convoquer un sommet sur la biodiversité avant la COP15 afin de souligner l'urgence que revêt l'adoption de mesures au plus haut niveau pour l'après 2020.
La France sera particulièrement sur la sellette durant cette période puisqu'elle accueillera fin avril 2019 la 7e session plénière de l'IPBES durant laquelle sera publiée une synthèse mondiale décisive sur l'état de la biodiversité. "C'est le premier rapport de ce type depuis l'emblématique évaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystem Assessment) publiée en 2005, et le tout premier qui soit intergouvernemental", souligne la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). En 2019, la France assurera également la présidence du G7 durant laquelle elle souhaite porter les enjeux de la biodiversité. Enfin, elle accueillera le Congrès mondial de la nature de l'UICN en juin 2020 à Marseille. Congrès dont Emmanuelle Wargon a installé le comité de pilotage lundi 3 décembre.