Si cette crise s'est soldée au final par l'importation massive de 450.000 tonnes de maïs américain exempté de droits et de 200.000 autres tonnes de toutes origines, elle est un exemple des tensions susceptibles d'apparaître suite au développement massif des bioénergies. L'intérêt grandissant pour ces carburants neutres sur le plan des émissions de CO2, fabriqués à partir de matières premières alimentaires comme la canne à sucre ou encore le maïs, risque de déséquilibrer et de mettre en péril la sécurité alimentaire de certaines populations.
Afin d'évaluer l'importance de ces risques et les conséquences possibles de la production de biocarburants à grande échelle, des experts internationaux sont réunis depuis lundi au siège de l'organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) pour examiner l'état actuel des connaissances et proposer une feuille de route pour l'avenir.
Les experts représentant différents pays, ainsi que des spécialistes de l'énergie, du climat et de l'environnement de la FAO et d'autres organismes, évaluent le potentiel global des bioénergies et les effets possibles de ce secteur à forte croissance sur la sécurité alimentaire. La bioénergie détient un potentiel formidable pour les agriculteurs, en particulier ceux du monde en développement, indique Gustavo Best, Coordonnateur principal pour l'énergie à la FAO. Mais elle n'est pas sans danger, et nous devons en faire état clairement, ajoute-t-il.
En décembre 2006, à travers son rapport annuel sur les marchés alimentaires, la FAO mettait déjà en évidence une baisse des stocks mondiaux de céréales et les risques de pénurie alimentaire consécutifs. Des récoltes faibles à cause d'un climat difficile et une demande accrue en agrocarburants expliquaient cette situation. Ainsi un développement anarchique de ces nouvelles énergies changerait la donne et perturberait les équilibres alimentaires mondiaux déjà fragilisés par des conditions climatiques changeantes.
Outre des problèmes de disponibilité alimentaire, le développement des agrocarburants ne sera pas exempt d'impact sur l'environnement et les écosystèmes agricoles.
Les experts réunis à la FAO doivent donc évaluer le potentiel des biocarburants et identifier les moyens de les produire de manière durable et respectueuse de l'environnement et de la sécurité alimentaire. Cette réunion devrait aboutir à la rédaction d'une série de recommandations à destination des gouvernements membres de la FAO.