S'exprimant hier à l'ouverture du sommet, le directeur de la FAO, Jacques Diouf a affirmé qu'il fallait 30 milliards de dollars chaque année pour relancer l'agriculture mondiale afin de lutter contre la faim. Le problème de l'insécurité alimentaire est de nature politique. C'est une question de priorités face aux besoins humains les plus fondamentaux, a- t-il souligné.
M. Diouf a vivement critiqué les biocarburants qui concurrencent les cultures d'alimentation. Personne ne comprend que des soutiens de 11 à 12 milliards de dollars en 2006 aient été utilisés pour détourner de la consommation humaine 100 millions de tonnes de céréales pour notamment étancher la soif de carburant des véhicules, a déploré M. Diouf.
Le directeur de la FAO a également dénoncé une aide agricole en baisse dans les pays en développement. L'aide à l'agriculture est passée de 8 milliards de dollars (base 2004) en 1984 à 3,4 milliards de dollars en 2004, soit une baisse en termes réels de 58 %, a-t-il souligné. La part de l'agriculture dans l'aide publique au développement a chuté, passant de 17 % en 1980 à 3 % en 2006, a-t-il ajouté.
Selon Jacques Diouf, en 2006 le monde a notamment dépensé 1.200 milliards de dollars en armements alors que dans un seul pays, les déchets alimentaires annuels atteignent 100 milliards de dollars.
Est-il possible dans ces conditions d'expliquer aux personnes de bon sens et de bonne foi que l'on ne peut pas trouver 30 milliards de dollars par an pour permettre à 862 millions d'affamés de bénéficier du droit humain le plus fondamental, celui à la nourriture, donc à la vie?, a insisté M. Diouf.
Le premier Sommet Mondial de l'Alimentation s'était tenu en 1996 à Rome et avait été suivi d'un second en 2002, visant à marquer à nouveau l'engagement de la communauté internationale à diviser par deux la faim dans le monde avant 2015.
Article publié le 04 juin 2008