Appelés Para-PM, les appareils installés dans la cour de l'école élémentaire de la Victoire, dans le IXe arrondissement de Paris, capturent les particules fines. Ces polluants sont susceptibles d'affecter la santé respiratoire et les capacités cognitives des enfants. Créé par les ingénieurs de l'entreprise française Aérophile, le principe du Para-PM est novateur : aspiré d'un côté par la machine, l'air pollué passe à travers un filtre qui électrifie les particules indésirables. Celles-ci sont ensuite attirées sur une plaque de collecte grâce à un champ électrostatique. L'air ressort, de l'autre côté, purifié. Le Para-PM peut ainsi dépolluer l'air de 95 % de ses particules fines, même les plus petites de 0,01 à 10 micromètres (µm) (PM10), indique Aérophile. La machine serait même capable de capter des virus comme le Covid-19. En fonctionnement, l'appareil consomme moins qu'un réfrigérateur, soit entre 300 et 400 watts, tandis que son niveau sonore est inférieur à 60 décibels.
Les Para-PM expérimentés dans une cour d'école
Six capteurs de pollution Pollutrack ont aussi été installés pour suivre en direct la concentration en particules fines PM2,5. Un capteur se situe dans la rue, devant l'établissement, pour connaître la pollution ambiante locale, et cinq dans la cour pour mesurer l'efficacité du dispositif de purification.
L'objectif est de maintenir la cour de récréation sous le seuil journalier des 15 microgrammes par mètre cube (µg/m3) de taux de particules fines PM2,5, recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une évaluation indépendante de l'efficacité des appareils
La mairie a commandé une étude indépendante, réalisée par l'entreprise Pando2, spécialisée dans la mesure de la qualité de l'air, pour évaluer l'efficacité réelle de ces appareils dans l'école. « Une vingtaine de microcapteurs a été déployée, depuis janvier dernier. Cela représente plusieurs millions de données par mois qu'on analyse, en fonction des temps d'occupation dans la cour pour essayer de quantifier l'effet d'abattement et de dépollution des appareils quand ils sont en fonctionnement. On a finalisé le rapport trimestriel au 30 juin et il y aura une synthèse annuelle réalisée avec Aérophile. La dépollution de l'air extérieur, c'est très nouveau, avec des phénomènes de mécaniques des fluides, des effets canyons, du vent qui ne nous permettent pas en permanence de mesurer et d'identifier les impacts, mais nous avons quelques résultats encourageants. On a densifié le réseau de microcapteurs pendant l'été et on espère avoir des résultats beaucoup plus pointus sur le troisième trimestre », précise Jean-Gabriel Winkler, cofondateur de Pando2.
« Il suffit qu'on allume l'appareil et, dix minutes plus tard, la pollution est plus faible dans la cour que dans la rue, et on repasse en dessous des seuils préconisés par l'OMS », explique Jérôme Giacomoni, cofondateur d'Aérophile. Le Para-PM traite 1 m3 d'air par seconde, soit 3 600 m3 par heure. « C'est l'équivalent en volume d'une piscine. L'appareil diffuse à proximité des personnes l'air purifié, qui est 20 fois moins pollué. »
L'expérimentation va continuer jusqu'en avril 2024 dans cette école. « On va essayer d'optimiser nos appareils, voir comment on peut travailler sur les flux d'air, ou atténuer encore plus leur bruit », ajoute Jérôme Giacomoni. « C'est une première mondiale, c'est inédit de réussir à dépolluer une cour d'école à l'extérieur », se félicite-t-il.
Le projet dans sa totalité a coûté 170 000 euros, financés pour moitié par l'Agence de la transition écologique Ademe (via son appel à projets de recherche Aqacia), et pour moitié par l'entreprise Aérophile. Cette dernière prévoit de déployer aussi ses purificateurs d'air en octobre prochain dans une station de métro, à Lyon, puis en décembre au village olympique des athlètes, à Saint-Denis.