La Commission européenne vient de publier une demande d'avis scientifique sur la présence de bisphénol A (BPA) dans les vêtements (1) . Après la découverte de plusieurs lots de vêtements, et notamment de chaussettes pour enfants, contenant du BPA, l'exécutif européen s'inquiète des risques que cette substance pourrait représenter et envisage une évolution de la réglementation.
Des contacts cutanés prolongés et des risques de succion
En 2017 et 2018, du BPA a été détecté dans des chaussettes pour bébé et des collants pour femmes sur des échantillons prélevés hors de l'Union européenne. Mais en avril 2019, du BPA a été retrouvé par des chercheurs dans des échantillons de chaussettes pour nourrissons et jeunes enfants issus du marché européen (en Espagne précisément). « Ces résultats sont préoccupants, car les articles vestimentaires sont en contact direct et prolongé avec la peau. Mais cette préoccupation est renforcée par les taux élevés de BPA mesurés, les activités œstrogéniques et anti-androgéniques détectées, mais aussi parce que les jeunes enfants mettent généralement des vêtements dans leur bouche et les sucent ». L'exposition au BPA ne serait donc pas seulement par voie cutanée, mais aussi par voie orale.
La Commission européenne s'alarme également du risque pour les femmes enceintes et l'enfant à naître. De plus, souligne-t-elle, les tests ont également détecté la présence de plusieurs parabens, « qui sont soupçonnés d'avoir une activité de perturbation endocrinienne potentielle et peuvent donc contribuer à augmenter encore l'effet du BPA seul ».
Un premier avis attendu pour mars 2020
Aujourd'hui, la présence de BPA dans les vêtements destinés aux nourrissons, aux jeunes enfants et aux femmes enceintes n'est pas encadrée. Seul le label européen Ecolabel l'exclut. Jusque-là, le BPA était surtout utilisé dans les plastiques et les papiers thermiques, justifie la Commission, ajoutant : « Les scénarios d'exposition ou les études de toxicité n'avaient, jusque-là, jamais inclus les textiles comme source potentielle de BPA ».
Afin d'évaluer l'opportunité de mettre en place une nouvelle réglementation, la Commission a donc commandé au Comité scientifique de la sécurité des consommateurs un rapport scientifique sur les risques liés à la présence de BPA dans les articles vestimentaires. Elle attend un avis préliminaire en mars 2020 et un avis définitif en septembre 2020.
Pour rappel, le bisphénol A est classé comme reprotoxique et sensibilisant cutané. Il peut causer des altérations de la croissance infantile, du développement des organes de reproduction, des comportements, du développement du système immunitaire, du système endocrinien…