Selon le secrétariat de la convention sur le changement climatique, ces efforts vont devoir être réalisés dans les pays qui continuent à augmenter leurs émissions. C'est le cas notamment de l'Espagne qui a augmenté de 53,3% ces émissions par rapport à 1990, du Portugal (+42,8%), de la Turquie (+74,4%) ou encore de la Nouvelle-Zélande (+24,7%). Le secrétariat mise sur tous les outils disponibles : marché d'échange de quotas, mécanismes de développement propre (MDP) et la mise en œuvre conjointe (MOC). Et il est relativement confiant puisque malgré tout il prévoit que les 40 pays pourraient réduire au total de 11% leurs émissions d'ici 2012 si les politiques prévues sont mises en œuvre correctement. Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la CCNUCC, estime même qu'une réduction globale à l'échelle de tous les pays signataires de 15% est possible mais selon lui il ne faut pas cacher le fait que les émissions de gaz à effet de serre de certains pays continuent à augmenter et qu'ils doivent faire plus pour atteindre leur objectif. Cette projection repose en grande partie sur les résultats des 17 « économies en transition » d'Europe de l'Est, dont les émissions ont énormément diminué : -58% pour la Lettonie, -54,7% pour l'Urkraine ou encore -50,9% pour l'Estonie suite à la fermeture d'usines ou de centrales électriques obsolètes héritées de l'ère soviétique.
Yvo de Boer positive également en rappelant que les pays ont pris leur objectif très au sérieux en mettant en place les politiques et les infrastructures nécessaires y compris les enregistrements pour la comptabilité des émissions de GES. Le secrétariat est ainsi convaincu que de nombreux pays vont encore développer tous les mécanismes de flexibilité mis à leur disposition. Selon lui, le marché du CO2 devrait se développer fortement dans les prochaines années. Il souligne au passage que le Protocole de Kyoto a généré 30 milliards de dollars en 2006, essentiellement sur le marché européen des permis d'émission.
Rappelons cependant que deux pays industrialisés n'ont toujours pas ratifié le protocole : les Etats-Unis et l'Australie. Ils ne sont toujours pas d'accord pour se voir attribué des objectifs de réduction d'émissions contraignants. Pourtant, leurs émissions continuent à augmenter : +16,4% pour les USA et +25,6% pour l'Australie en 2005 par rapport à 1990. La position de l'administration fédérale est ainsi de plus en plus décriée de l'intérieur. Dernièrement, plusieurs Etats américains ont rejoint l'International Carbon Action Partnership (ICAP) au côté de nombreux pays et provinces afin de lutter contre les changements climatiques. L'ICAP veut fournir à ses membres un forum international afin de partager les expériences et les meilleures pratiques concernant la réduction des émissions de CO2 et plus précisément la mise en place d'un marché du carbone. Ces positions divergentes opposant l'administration fédérale à ses États s'invitent donc désormais sur la scène internationale. La position des USA à l'occasion des prochaines négociations sur l'avenir du protocole de Kyoto qui doivent se dérouler à partir du 3 décembre à Bali en Indonésie est donc très attendue. Les gouvernements négocieront en effet des suites à donner au protocole de Kyoto dont la première phase d'engagements expire en 2012 lors de la 13ème Conférence des Parties.
Autre acteur majeur attendu : la Chine. Pays signataire du protocole mais non concerné par des objectifs de réduction contraignants en raison de sa situation économique (pays émergent), la Chine ne souhaite pas que de tels objectifs soient mis en œuvre à partir de 2012, encore moins si certains pays industrialisés ne veulent toujours pas faire d'efforts. Néanmoins, elle fait preuve de bonne volonté. En effet, selon Reuteurs, à l'occasion de sommets asiatiques qui se tiennent actuellement à Singapour (ASEAN+6**), seize Etats de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est dont la Chine et l'Inde se sont engagés à « stabiliser à long terme les concentrations de gaz atmosphériques à effet de serre, à un niveau qui empêcherait les dangereuses interférences humaines sur le climat ». Selon l'AFP, la Chine envisagerait surtout de réduire sa consommation d'énergie de 20% par unité de produit intérieur brut au cours des cinq prochaines années. La Chine espère donc être plus efficace énergétiquement tout en maintenant la croissance du pays à un taux élevé. Le pays se dit prêt à développer fortement les énergies renouvelables et à développer des technologies peu consommatrices. Les Chinois semblent en revanche plus réticents aux technologies de type
*CO2,
** Sommet élargi de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (16 pays)