En France, en 2007, la superficie en mode de production biologique représentait 2 % de la surface agricole utilisée. 11.978 exploitations agricoles étaient engagées dans l'agriculture biologique, soit 3 % de plus qu'en 2006. Si l'agriculture bio progresse là où l'agriculture conventionnelle est en baisse (progression moyenne du nombre d'exploitations bio de 2,2 % en moyenne entre 2001 et 2007 alors que le nombre total d'exploitations agricole est en baisse chaque année), elle constitue encore une activité de niche au niveau national et ne peut répondre à la demande en hausse du marché : la France est importateur net de produits biologiques.
Pour résoudre ce problème, le secteur s'organise. Le Grenelle de l'environnement a acté de multiplier la surface agricole cultivée en bio par trois d'ici 2012, soit parvenir à 6 % des surfaces agricoles utilisées. L'Union européenne, de son côté, tend à harmoniser les pratiques entre les 27 afin d'obtenir davantage de lisibilité pour le consommateur. Le nouveau règlement, entré en vigueur le 1er janvier dernier, donnera naissance à un logo européen agriculture biologique en 2010. Si pour certains, ce texte réaffirme les principes de l'agriculture biologique, pour d'autres, il fixe des règles a minima et est donc contestable.
Vers une harmonisation européenne
Le règlement 889/2008, entré en vigueur le 1er janvier dernier, vise à harmoniser les pratiques entre les Etats membres, diversifiées jusque là. Il aboutira à la création d'un logo européen en juillet 2010. Pour obtenir le logo, les produits devront garantir que 95 % des ingrédients sont d'origine biologique. L'étiquetage des produits certifiés devra mentionner l'origine des matières premières agricoles (UE, non UE, UE/non UE) et la liste des ingrédients biologiques.
Le logo garantira que le produit ne contient pas d'OGM (à l'exception des médicaments vétérinaires et d'un seuil de tolérance de 0,9 %), pas de pesticides chimiques en dehors de la liste des intrants autorisés ou dérogations accordées, une séparation des préparations bio et non bio, une limitation des additifs et des auxiliaires à une liste officielle et une surface minimale imposée aux animaux.
Concernant les produits importés, depuis le 1er janvier 2009, sont reconnus bio les produits provenant de pays tiers dont la réglementation a été évaluée comme équivalente par la Commission européenne (aujourd'hui : Argentine, Australie, Costa Rica, Inde, Israël, Suisse et Nouvelle-Zélande) et ceux qui ont obtenu une autorisation d'importation délivrée par le ministère de l'Agriculture d'un des Etats membres.
Mais Nature et Progrès qui apparaît comme le label le plus stricte en matière de bio en France, affirme son désaccord avec ce nouveau règlement, qui assouplit les règles techniques. D'après l'association qui porte le même nom que son label distinctif, le texte conduit à une industrialisation de la bio « officielle ». Nature et Progrès encourage donc toute initiative plus exigeante et réaffirme l'importance qualitative, pour le consommateur, de ses cahiers des charges et de sa charte.
Pascal Gury, président de l'Agence bio, reconnaît que pour certains, ces règles ne sont pas suffisantes. Mais pour lui, un règlement européen ne doit pas constituer un frein mais un atout.
Avantage ou inconvénient ?
Les différentes règles nationales, donc le logo français AB, doivent désormais s'aligner sur le cahier des charges européen. Ce qui introduit effectivement un recul sur certains points…
Si les produits chimiques de synthèse et l'ionisation restent interdits par le règlement européen, celui-ci augmente le seuil de détection des OGM à 0,9 %, contre 0,1 % pour la réglementation française. Aussi, le règlement interdit les OGM dans l'agriculture biologique mais tolère une contamination accidentelle.
De plus, si les nouvelles règles d'étiquetage impliquent la mention de l'origine des ingrédients, celle-ci reste floue : UE ou hors UE. Or l'agriculture biologique devrait valoriser au maximum les circuits courts et ce nouvel étiquetage ne permettra pas au consommateur de connaître l'origine exacte des produits.
Cependant, ce texte implique la seule responsabilité des Etats membres. Les marques privées, telle que Nature et Progrès, Demeter ou Bio équitable, qui affichent souvent des cahiers des charges plus stricts, pourront continuer d'apposer leur marque sur les produits. Cela apportera-t-il davantage de lisibilité ou de confusion chez le consommateur ? C'est bien la question !