Pour Pierre Gadonneix, Président Directeur Général d'EDF, ce soutien conforte la stratégie industrielle engagée par le Groupe sur le long terme dans le développement de moyens de production sans CO2, notamment nucléaires. La réalisation d'un second EPR pilotée par EDF confortera la sécurité d'approvisionnement du pays et de l'Europe dans les années à venir, dans un contexte de hausse de la demande, peut-on lire dans le communiqué du groupe.
Le groupe AREVA se réjoui de cette perspective et y voit la reconnaissance de cette technologie développée par le groupe. Inscrit dans la loi d'orientation sur l'énergie adoptée le 13 juillet 2005, l'EPR est un projet franco-allemand développé depuis 1992 par Siemens et Areva et destiné à prendre le relais des 58 réacteurs qui équipent actuellement les 19 centrales nucléaires françaises. L'EPR de l'anglais European Pressurized Reactor est conçu pour une durée de vie de 60 ans et permet, selon ses concepteurs, une meilleure utilisation du combustible, une démultiplication des systèmes de sûreté et une moindre production de déchets.
Colère des associations écologistes
Qualifiée d'erreur historique, de projet irresponsable, d'aberration industrielle ou encore de catastrophe économique, cette annonce a déclenché la colère des associations de protection de l'environnement et des partis écologistes. Tous condamnent cette décision et y voient une trahison alors que le premier projet de loi issu du Grenelle est en cours de discussion au Parlement. Cette relance du nucléaire, décidée sans concertation, sans transparence, sans évaluation des besoins énergétiques, constitue un passage en force inacceptable et digne des années 1970 et non de la France de l'après-Grenelle !, déclare Yannick Rousselet, de Greenpeace France.
Pour Sébastien Genest, Président de la Fédération France Nature Environnement, il faut en finir avec un modèle énergétique centralisé, fragile en consommation de pointe, inadapté aux territoires et contraire à l'objectif premier de réduction de la consommation d'énergie, négocié lors du Grenelle de l'environnement.
Réseau sortir du Nucléaire renchérit en prévoyant que la construction d'un nouvel EPR empêchera la France de respecter son engagement européen de 20% d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie en 2020.
Le parti CAP21 et sa présidente Corinne LEPAGE, sont de leur côté convaincus que pour vendre son courant, qui ne se stocke pas, et amortir le coût faramineux de réalisation des EPR (le prototype finlandais avoisine les 5 milliards d'euros), les exploitants, aidés bien entendu par les pouvoirs publics, vont devoir favoriser la consommation électrique, c'est-à-dire continuer à promouvoir le chauffage électrique et lutter contre l'efficacité énergétique.
Les Verts se disent quant à eux déterminés à lutter contre la construction d'un réacteur inutile, dangereux et coûteux.
Ce nouveau réacteur sera le cinquième de ce type mis en chantier dans le monde, après ceux d'Olkiluoto en Finlande, de Flamanville en France et de Taishan 1 et 2 en Chine. EDF déposera dans les prochaines semaines un dossier à la commission nationale du débat public en vue de commencer la construction en 2012 et de raccorder la centrale au réseau en 2017.
Le Réseau Sortir du nucléaire annonce d'ores et déjà qu'il attaquera en justice les autorisations de construction du nouvel EPR alors qu'est prévue demain une manifestation à Mortain contre la ligne Très Haute Tension qui desservira le réacteur EPR en construction à Flamanville.