Le projet d'usine de recyclage chimique du polyéthylène téréphtalate (PET) d'Eastman, à Saint-Jean-de-Folleville (Seine-Maritime), suit son cours. L'entreprise va lancer, le 27 septembre, une phase de concertation (1) préalable, placée sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP). Cette étape, qui durera jusqu'au 24 novembre, « permettra d'enrichir le projet en sensibilisant le public [à ses] enjeux ». Elle portera aussi sur son opportunité et sur d'éventuelles modifications à y apporter.
Même si la concertation s'adresse, en premier lieu, aux 80 000 habitants d'une cinquantaine de communes normandes, l'importance du dossier en fait « un enjeu national », explique Godefroy Motte, conseiller d'Eastman sur le projet. La concertation donnera lieu à quatre réunions publiques, quatre ateliers thématiques et cinq « rencontres ».
Un projet précisé
Le dossier (2) présenté dans le cadre de la concertation apporte de nouvelles informations sur le projet, qui s'étendra sur 40 hectares. Celui-ci sera composé de quatre installations distinctes : une unité de traitement des déchets (tri, lavage et broyage) ; une unité de dépolymérisation du PET par méthanolyse ; une unité de production de PET à partir des deux monomères obtenus à l'étape précédente [le téréphtalate de diméthyle (DMT), un dérivé d'acide téréphtalique et de méthanol, et l'éthylène glycol (EG)] ; et une chaudière.
La priorité est accordée aux déchets en PET français actuellement non recyclés, dont le volume est évalué par Eastman entre 220 000 et 250 000 tonnes par an. L'entreprise indique travailler à sécuriser son approvisionnement, notamment avec les éco-organismes Refashion (pour l'approvisionnement en fibre de polyester) et Citeo (dans le cadre de l'appel d'offres pour la reprise des déchets d'emballages plastique). Elle discute aussi avec les acteurs de la collecte, du tri et du recyclage des déchets. Cela étant, « au démarrage, il ne sera pas possible de faire l'impasse sur un approvisionnement en provenance de pays limitrophes », explique Cédric Perben. À l'échelle européenne, Eastman estime entre 1,4 et 1,6 million de tonnes par an le gisement de déchets en polyester difficiles à recycler.
Une autre série de précisions concerne les besoins de l'installation, dont certains sont particulièrement importants. C'est le cas de l'eau, avec une consommation de l'ordre de 400 m3 par heure. C'est aussi le cas de l'approvisionnement en énergie, qui nécessitera la construction d'une chaudière de 150 mégawatts de puissance nominale. Elle « fonctionnera avec un mix énergétique équilibré entre la biomasse et les combustibles solides de récupération (CSR) », précise le dossier de la concertation. Elle devrait consommer de l'ordre de 300 000 tonnes de combustible par an pour alimenter le site en chaleur, en vapeur et en électricité.