Trois-quarts de la population mondiale vit dans un pays écologiquement débiteur
Cette tendance à la hausse de l'empreinte écologique globale s'observe dans la plupart des pays de l'OCDE. À l'échelle d'un pays, l'empreinte écologique mesure la surface biologiquement productive de terre et de mer nécessaire pour fournir les ressources consommées par le pays et absorber les déchets qu'il produit. Les Emirats Arabes Unis, les Etats-Unis d'Amérique, le Kowéit, le Danemark et l'Australie sont les pays dont l'empreinte écologique par habitants est la plus élevée. Certains de ces pays ont toutefois une biocapacité nationale importante qui ne les place pas parmi les états les plus critiques. C'est le cas des Etats-Unis et de l'Australie qui avec le Brésil, la Chine, l'Inde, le Canada et l'Argentine représentent plus de la moitié de la biocapacité de la planète.
À l'inverse le Bangladesh, le Congo, Haïti, l'Afghanistan et le Malawi sont les pays ayant le moins d'impacts et seuls les pays de l'Europe non membres de l'UE, l'Afrique et l'Amérique latine respectent leur biocapacité.
Selon le rapport du WWF, les pays d'Europe occidentale sont quant à eux tous des pays « débiteurs » et certains ont une empreinte écologique de 150% supérieurs à leur biocapacité : c'est le cas de la Grèce, du Royaume-Uni, de l'Italie ou encore de l'Espagne. L'Allemagne est dans une situation similaire mais son empreinte écologique diminue de manière régulière depuis le début des années 80.
L'empreinte écologique de la France excède de 62 % sa biocapacité
Concernant la France, si la situation est moins critique que pour ses voisins européens, le rapport du WWF révèle que le pays a augmenté son empreinte écologique de 85% entre 1961 et 2005. Cette hausse s'expliquerait par l'augmentation de l'empreinte carbone et de l'empreinte des terrains bâtis. Autrement dit la surface nécessaire pour absorber les émissions de CO2 du pays et celle occupée par les bâtiments et les routes a fortement augmenté depuis 1961. En 2005, chaque Français utilisait les ressources provenant de 4,9 hectares de terre et de mer. Mais ces ressources sont limitées et dans le cas de la France, la biocapacité du pays est estimée à 3 ha par personne. Résultat, l'empreinte écologique de la France excède de 62 % sa biocapacité et ce malgré la prise en compte des forêts de Guyane française !
Toutefois, depuis 1980 l'empreinte écologique du pays a tendance à se stabiliser alors que le PIB augmente toujours.
Une urgence planétaire
Selon le WWF, différentes stratégies sont possibles pour réduire l'écart entre la demande de l'homme sur la nature et l'offre de celle-ci : efficacité énergétique et économies d'énergie dans l'industrie et le bâtiment, limitation de l'usage des véhicules, développement des énergies renouvelables…
Si rien n'est fait, le WWF s'attend à une crise majeure : la consommation inconsidérée épuise le capital naturel mondial à un point tel que nous mettons en danger notre prospérité future, explique James P.Leape Directeur général du WWF International. Pour appuyer son analyse, l'association fait un parallèle avec la crise financière et économique actuelle : nous sommes en train d'agir écologiquement de la même façon que les institutions financières se sont comportées économiquement, cherchant la satisfaction immédiate sans prendre en compte les conséquences, estime Jonathan Loh de la Société Zoologique de Londres (ZSL), partenaire pour l'élaboration du rapport. Seulement les conséquences d'une crise écologique seront bien plus graves que l'actuelle crise économique, prévient-il.