Selon les chiffres du Conseil mondial de l'énergie éolienne (GWEC), la capacité de production européenne a ainsi enregistré en 2007, une progression de 8,5 GW soit 17% de plus que l'année précédente. L'Espagne affiche la plus forte progression. Si l'Allemagne apparaît toujours comme le leader sur ce domaine, son marché intérieur a toutefois affiché un recul de 25% par rapport à 2006, où 1.208 éoliennes avaient été installées. La France a quant à elle, nettement développé la filière éolienne sur son territoire depuis 2005. En 2007, le pays devrait ainsi se situer au 3ème rang européen en termes de puissance installée annuelle, derrière l'Allemagne et l'Espagne, estime le SER.
Or c'est précisément dans ce contexte de forte croissance du marché qu'une nouvelle polémique enfle sur l'éolien. Après l'article intitulé ''Éoliennes : miracle ou arnaque ?'' publié début février dans le Figaro magazine*, un article du Monde daté du 15 février se demande à son tour si les éoliennes constituent un moyen efficace de lutter contre le changement climatique et semble plutôt défaitiste quant à la réponse en s'appuyant sur plusieurs avis, dont une étude réalisée par la Fédération Environnement Durable qui rassemble des associations d'opposants à l'éolien.
Cette dernière compare les évolutions des émissions de CO2 liées à l'énergie des pays qui ont connu un développement important de l'éolien comme l'Espagne, l'Allemagne ou le Danemark et constate que les émissions ont globalement augmenté alors qu'elles auraient dû théoriquement baisser, étant donné la croissance de l'éolien dans ces pays. Selon le document publié par la Fédération, le bilan du développement de l'éolien est très décevant du point de vue économique et environnemental.
L'article du Monde précise toutefois que d'autres facteurs entrent en jeu mais pose tout de même la question pour comprendre dans quelle mesure l'éolien peut, ou non, réduire les émissions de CO2. Pour essayer de répondre à la question, l'article recours à l'analyse menée par RTE (Réseau de Transport de l'Électricité) sur l'intermittence de l'éolien et remarque que celle-ci peut contraindre à recourir à des centrales thermiques quand des pointes de consommation, en hiver, se conjuguent à une absence de vent.
Suite à la publication de ces articles, le Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement Durables (MEDAD) et l'Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), dans une note d'information, ont tenu à rappeler que le développement des énergies renouvelables, associé à une politique ambitieuse d'économies d'énergie, s'inscrit dans l'objectif de diversification des approvisionnements énergétiques de la France, dans le cadre de la stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% défini par le Conseil Européen de mars 2007. […] L'objectif fixé par le Grenelle de l'environnement est de réduire la part des énergies carbonées et d'augmenter la part des renouvelables de 20 Mtep en 2020 afin d'atteindre une proportion d'au moins 20% d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie. Ceci suppose une augmentation de toutes les énergies renouvelables. Rappelons également que la Commission a proposé une directive comme moyen d'atteindre les objectifs de la politique en faveur des énergies renouvelables. Elle vise à établir des objectifs nationaux en matière d'énergies renouvelables qui se conjugueront pour atteindre, entre autres, un objectif global contraignant de 20 % de sources d'énergie renouvelables dans la consommation d'énergie en 2020.
Le Syndicat des Énergies Renouvelables, qui compte aujourd'hui environ 300 entreprises ou associations d'entreprises ayant des activités relevant de ces filières, s'est logiquement réjoui de ce soutien sans faille.
Concernant plus particulièrement les émissions de CO2, la note d'information indique que sur l'année 2008, l'éolien permettra d'éviter l'émission de 1,65 million de tonnes de CO2. […]. Pour le Ministère et l'ADEME qui semblent retenir d'autres éléments des scénarios prévisionnels de RTE, la production éolienne se substitue bel et bien essentiellement à des productions à partir d'énergies fossiles. En 2020, un parc de 25.000 MW devrait permettre d'éviter l'émission par le secteur énergétique de 16 millions de tonnes de CO2 par an, poursuit la note.
En réponse à l'article du Monde, le MEDAD et l'ADEME justifient encore que l'énergie éolienne est, certes, intermittente, mais prévisible et peut contribuer significativement à l'équilibre du réseau […]. Les progrès de la modélisation et de la prévision météorologique permettent de les anticiper de mieux en mieux.
Évoquant la productivité du parc français, Ministère et Agence rappellent qu'elle est largement supérieure à la moyenne européenne. Cette spécificité s'explique par le caractère particulièrement avantageux des régimes de vent français. […] Nous disposons de trois régimes climatiques différents et complémentaires : océanique, continental et méditerranéen […]. Les éoliennes étant déployées sur l'ensemble du territoire, elles peuvent donc continuer à approvisionner le réseau électrique national. […] Contrairement à certaines affirmations, l'électricité d'origine éolienne ne nécessite pas une puissance équivalente en centrale thermique pour pallier ses variations. Citant RTE en caution, la note précise encore qu'un parc éolien national d'une puissance de 10.000 MW, réparti sur les trois régions climatiques, apporte la même puissance garantie que 2.800 MW de centrales thermiques à flamme, évitant ainsi les émissions de CO2 associées.
Enfin, concernant le coût de l'électricité d'origine éolienne , le MEDAD et l'ADEME analysent que « le coût de l'éolien, pour le consommateur, est de 0,024 centime d'€ par kWh consommé. Pour un ménage français qui consomme 2 500 kWh/an (hors chauffage électrique), le coût est donc de 0,6 €/an. ». L'ADEME souligne en outre qu'elle vient de modifier sa politique d'accompagnement des projets portant sur les énergies renouvelables afin que ses aides soient désormais conditionnées à une étude préalable d'efficacité énergétique.
Cette polémique fait rage alors même que dernièrement, le Groupe Ostwind International a inauguré le 16 février dernier un parc éolien à Fruges dans le Pas-de-Calais, composé de 70 éoliennes qui représentent une puissance cumulée de 140 MW. Ces éoliennes, installées sur 16 sites dans le canton de Fruges, constituent le plus grand parc éolien de Francel, souligne le Groupe, développeur et maître d'ouvrage du projet qui devrait permettre d'alimenter quelque 150.000 foyers en électricité. Notre pays est riche en vent. Et avec ce projet, nous allons pouvoir mettre en œuvre nos ambitions, a confié à l'AFP le maire de Fruges, Jean-Jacques Hilmoine à l'occasion du forum des énergies renouvelables organisé dans la commune ce week-end. L'installation du parc éolien a permis de créer plusieurs emplois dans la zone (réalisation, services, gestion technique des installations), souligne le communiqué qui assure que le projet sera rentable en termes de recettes fiscales et de fermage.
Après Saint – Clément réalisé en 2005 (département de l'Ardèche), Ostwind international construit ainsi son deuxième projet éolien en France au sein de la Communauté de Communes du Canton de Fruges.
*http://www.lefigaro.fr
**http://www.lemonde.fr