En présence du Premier ministre Manuel Valls et de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, Patrick Kron, PDG d'Alstom a inauguré ce mardi 2 décembre ses deux nouvelles usines dédiées à l'assemblage de nacelles et aux générateurs d'éoliennes offshore (en mer) à Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
La construction des usines a débuté au printemps 2013. Elles seront pleinement opérationnelles au premier trimestre 2015 pour produire les nacelles et les génératrices de la turbine "Haliade 150" d'Alstom, dotée d'une puissance de 6 mégawatts (MW). "Avec un rotor de 150 m de diamètre, l'Haliade 150 possède un rendement de 15% supérieur à celui des éoliennes offshores existantes, lui permettant ainsi d'alimenter en électricité l'équivalent d'environ 5.000 foyers", fait valoir Alstom. L'utilisation de cette turbine permettrait d'éviter le rejet de 21.000 tonnes de CO2 pendant un an, a ajouté le groupe.
Premières usines de production en France
Les usines sont situées sur une zone de 14 hectares et s'étendent sur une surface totale de 19.000 m². Elles ont été construites par Quille Construction, filiale de Bouygues Construction, représentant un investissement de 48 millions d'euros. "Ce sont les premiers bâtiments industriels français dont le programme et la conception ont été certifiés « Haute Qualité Environnementale » (HQE)", a indiqué Alstom. Les sites emploieront près de 300 salariés, dont 200 travailleront à l'assemblage des nacelles et 100 à la production des alternateurs.
Les usines de Saint-Nazaire auront une capacité de production de 100 machines par an. Les premiers modèles seront livrés à l'Américain Deepwater. Le contrat porte sur une ferme pilote de cinq éoliennes à Block Island, dont la mise en service est prévue en 2016.
En France, Alstom équipera d'ici à 2018 les parcs de Fécamp (Seine-Maritime, 498 MW), de Courseulles-sur-Mer (Calvados, 450 MW) et de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, 480 MW) avec un total de 240 turbines, dans le cadre du premier appel d'offres éolien offshore remporté en avril 2012 avec EDF Energies Nouvelles.
Les mâts et les pales, en partenariat avec LM Wind Power, seront quant à eux fabriqués dans deux usines prévues à Cherbourg dont les travaux débuteront "sous peu", a annoncé Denis Cochet, président d'Alstom France. Le groupe de constructions maritimes STX France fournira au groupe les pièces de transition qui permettront de fixer le mât de l'éolienne à sa fondation monopieu.
A terme, l'ensemble de ces usines devrait générer 1.000 emplois directs et 5.000 emplois indirects, selon Alstom. "Ces nouvelles usines sont les premières usines de production d'éoliennes offshore en France. Grâce à elles, nous allons pouvoir servir le marché français et également satisfaire une demande internationale en expansion", a déclaré Patrick Kron, Président directeur général d'Alstom.
De même, le siège dédié aux énergies marines renouvelables de GE-Alstom, prévu à Nantes d'ici 2017, devrait créer 250 emplois de recherche et développement.
3e appel d'offres et un AMI en 2015
Deux appels d'offres éolien en mer ont été lancés par l'Etat pour la construction de 6 parcs offshore, pour une puissance totale de 3.000 MW d'ici à 2020 (contre 6.000 MW visés par le Grenelle) et permettant de mobiliser 10.000 emplois. Le site de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor, 500 MW) a été attribué en 2012 au consortium Iberdrola, Areva et Eole-Res. En mai 2014, les sites du Tréport (Seine-Maritime) et des Îles d'Yeu et de Noirmoutier (Vendée) ont été attribués au consortium formé par GDF Suez et Areva, associant EDP Renewables et Neoen Marine, lors du second appel d'offres (500 MW chacun). Les 4 parcs issus du premier appel d'offres devraient entrer en service en 2019. Les chantiers des sites du Tréport et de Noirmoutier ne démarreront qu'à cette date.
La filière mise sur le lancement en 2015 d'un troisième appel d'offres pour l'éolien offshore posé, confirmé par Ségolène Royal. Il capitalisera "sur le retour d'expérience des premiers parcs pour réduire les coûts" réclamés par les industriels français, a assuré ce mardi la ministre. Le volume sera fixé "dans la programmation pluriannuelle de l'énergie".
Demandée par le syndicat des énergies renouvelables (SER), la procédure d'attribution sera également "revue". L'appel d'offres "sur critères" sera remplacé par "un dialogue compétitif", a ajouté la ministre. Les zonages préalables au prochain appel d'offres ont été lancés sous l'égide des préfets des façades maritimes. Ces derniers lanceront jusqu'en avril 2015 des consultations publiques sur ces zonages prévus pour l'offshore posé et flottant, a précisé hier Marion Lettry, déléguée générale adjointe du SER.
Manuel Valls a annoncé ce mardi le lancement en juin 2015 d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour l'éolien flottant. Financé par les programmes d'investissement d'avenir (PIA), il sera doté de 150 millions d'euros, a-t-il précisé.
Les contentieux sur l'éolien offshore seront examinés en première instance par une cour administrative d'appel unique afin de réduire la durée des périodes de recours, a rappelé Mme Royal. "Le projet de décret est prêt, et va être mis en consultation dans les prochains jours", a-t-elle indiqué. Ce qui permettra d'"accélérer" la réalisation des projets. De quoi satisfaire le SER qui a réitéré hier la nécessité de simplifier les procédures administratives (autorisation unique des projets) pour "consolider" la filière française et gagner en "compétitivité" par l'exportation en Europe. Certains acteurs étant déjà positionnés dans l'UE : Areva, STX, Eiffage Construction métallique, Bouygues Travaux publics, Rollix, Mersen.
Réduire les coûts de production d'ici 2030
15.000 MW et 30.000 créations d'emplois d'ici 2030 : c'est le potentiel de l'éolien offshore français estimé par le SER, lors d'une conférence de presse. "Il existe d'importantes marges de manœuvre" pour réduire le prix de l'éolien offshore qui est actuellement autour de 200 euros le mégawattheure (MWh), a indiqué Jean-Louis Bal, président du Syndicat.
D'ici 2030, son coût de production pourrait être ramené entre 100 et 120 euros/MWh - soit le coût du photovoltaïque et de l'EPR, selon M. Bal - en faisant des progrès sur l'industrialisation de la chaîne de production, les améliorations technologiques (turbines plus puissantes, fondations offshore optimisées, taille augmentée des rotors) et l'optimisation des moyens de maintenance. Les coûts d'investissement (CAPEX), qui représentent environ les deux tiers du coût global, "pourront ainsi être réduits de 20 à 30%", selon le SER.