Par un décret publié, le 22 juin, au Journal officiel, le gouvernement a reconduit jusqu'au 30 juin 2023 la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts « Esod », nouvelle appellation des « espèces nuisibles », dans chaque département. Y figurent la belette, la fouine, la martre, le renard, le corbeau freux, la corneille noire, la pie bavarde, le geai des chênes et l'étourneau sansonnet. Le Conseil d'État en avait sorti le putois par une décision rendue en juillet 2021 à la demande de plusieurs associations de protection de la nature.
Cette liste, fixée en 2019 et qui doit normalement être actualisée tous les trois ans, aurait dû être revue avant le 1er juillet 2022. « Compte tenu de la crise sanitaire et des perturbations constatées sur la régulation et le suivi de ces espèces pendant la période 2020-2021, la validité de l'arrêté triennal du 3 juillet 2019 est prolongée jusqu'au 30 juin 2023 pour disposer de données plus fiables sur une période suffisamment étendue », justifie le ministère de la Transition écologique.
Si l'arrêté avait été revu dans le délai de trois ans, le manque de données aurait sans soute « engendré une réduction drastique des décisions de classement », avait expliqué le ministère de la Transition écologique lors de la mise en consultation du projet de texte en octobre dernier. « En cas de dégâts pouvant survenir pendant la prochaine période triennale en relation avec une mauvaise évaluation des risques, la responsabilité de l'État pourrait être engagée », avait-il aussi fait valoir. L'argumentaire a visiblement porté, puisque 58,6 % des quelque 10 000 contributions recueillies dans le cadre de cette consultation ont été favorables au projet.
Le défaut de collecte des données invoqué était justifié par la crise sanitaire qui a empêché les fédérations de chasseurs de mener à bien leur mission de suivi des dégâts occasionnés par ces espèces. Pourtant, durant la crise, certains préfets n'avaient pas hésité à prendre des arrêtés de dérogation aux règles de confinement pour autoriser les chasseurs à détruire les Esod. La justice administrative a d'ailleurs annulé nombre de ces arrêtés à la demande d'associations (LPO, Aspas) estimant que la poursuite de ces opérations de régulation pendant le confinement n'était pas justifiée en l'absence de démonstration de prolifération des espèces concernées.