L'annonce du Président de la République de l'ouverture de l'appel à manifestation d'intérêt consacré à l'implantation de fermes pilotes d'hydroliennes prend forme avec la publication du cahier des charges (1) par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Objectif de cet AMI : tester en conditions d'exploitation un échantillon significatif de machines afin de lever les verrous techniques pour l'installation, le fonctionnement, la maintenance... L'idée est également de consolider le modèle économique afin d'élaborer des offres commerciales avant le déploiement de la technologie. D'autres enjeux devront également être évalués : estimation de la ressource, impacts environnementaux des installations, impacts socio-économiques sur les autres usagers de la mer.
La sélection des projets se fera sur des critères techniques, financiers, organisationnels et économiques. La dimension environnementale et territoriale sera également un élément majeur. La date de clôture de l'AMI est fixée au 25 avril 2014.
Un suivi environnemental de cinq ans
Concrètement les projets sélectionnés devront être localisés au sein des zones identifiées au Raz Blanchard (Basse-Normandie) et au Fromveur (Bretagne). Les fermes devront comprendre entre 4 et 10 machines produisant chacune au minimum 2.500 MWh par an. La technologie choisie devra avoir fait l'objet d'une démonstration en mer de six mois minimum afin de s'assurer qu'elle est suffisamment avancée pour répondre au planning de déploiement prévu pour les fermes pilotes. Plusieurs technologies permettent en effet de capter l'énergie des courants marins : turbines à axe horizontal ou vertical, turbines carénés, vis d'archimèdes… La mise en service des fermes pilotes est prévue pour fin 2016. La démonstration devra durer au minimum deux ans et les projets devront inclure un suivi environnemental de 5 ans minimum.
Les consortiums industriels prennent forme
De la même manière que pour les appels d'offres éoliens offshore, les acteurs d'un même projet devront de réunir en consortium (fabricant des turbines, des fondations, des connexions électriques, installateur, exploitant). Alstom et GDF Suez ont déjà fait part de leur volonté de présenter un projet commun sur le site du Raz Blanchard. Alstom teste actuellement son hydrolienne de 1 MW immergée au Centre européen des énergies marines (EMEC), au large de l'archipel des Orcades, en Écosse. "Les essais de la turbine au sein de fermes pilotes permettront de tester sa performance en conditions quasi-réelles, plus proches de l'exploitation commerciale", explique l'équipementier.
Le groupe a également signé un accord avec Ports Normands Associés (PNA) qui permettra, si le Groupe est retenu dans l'attribution des fermes pilotes, de réaliser l'assemblage final de ses hydroliennes, le montage des fondations et les opérations de maintenance depuis le port de Cherbourg. "[Ce port] présente en effet de nombreux avantages, avec notamment un plan de développement de 40 hectares d'infrastructures dédiés à l'hydrolien ainsi qu'une proximité avec le site du raz Blanchard et les côtes du Royaume-Uni, qui représentent un marché potentiel important", précise Alstom.
Alstom n'est pas le seul fabricant d'hydroliennes a salué l'ouverture de l'AMI. Siemens a également réaffirmé "sa volonté de participer activement au développement de la filière des énergies marines en France" et compte mettre en œuvre rapidement des partenariats franco-allemands dans ce secteur. Le groupe a également profité de l'annonce gouvernementale pour présenter la deuxième génération de son hydrolienne SeaGen.
DCNS est également dans les starting-blocks. Le groupe a déjà noué un partenariat avec EDF et mise sur OpenHydro, la start-up irlandaise dont il a fait récemment l'acquisition. Lui aussi compte bénéficier des installions industrielles proposées par Ports Normands Associés.