Disparu du territoire au début du XXe siècle, suite à une politique d'extermination qui remonte au Moyen Âge, le loup a fait son retour en France en 1992 en provenance d'Italie. Il s'agit du Canis lupus, une espèce d'une trentaine de kilos et environ 70 cm au garrot.
Le loup est une espèce strictement protégée aujourd'hui par les textes européens. On en dénombre 430 en France avec une forte présence dans le sud-est du pays. Sur un territoire de 643 801 km², 430 spécimens, pas de quoi s'affoler pourrions-nous penser. Et pourtant, les dégâts sont nombreux. Quelques 10 000 brebis ont été tuées l'an dernier par le prédateur et le bilan s'accroît annuellement. La profession agricole est unanime sur le sujet : le loup met en péril le pastoralisme. Les éleveurs en détresse se disent incapables de poursuivre leur activité en dépit des indemnisations qu'ils reçoivent de l'État, soit 80 à 520 euros par brebis tuée.
Protégé aujourd'hui, le loup ne s'est pas débarrassé de sa réputation de "nuisible". Tiraillé par une obligation de préserver l'espèce et de calmer une profession en colère, l'État autorise les tirs dérogatoires sur le prédateur. Depuis 2015, il a même créé une brigade affiliée à l'Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui peut abattre 43 spécimens chaque année avec un plafond rehaussable sur autorisation du préfet.
Dans un contexte d'effondrement de la biodiversité, ces tirs sont-ils légitimes ? Et surtout ont-ils permis la réduction de la prédation sur les troupeaux ? Certainement pas selon les associations. Elles sont nombreuses à dénoncer les défaillances du plan loup et le manque de moyens pour protéger les troupeaux. Dépassé par le retour de ce prédateur absent pendant soixante années, le pastoralisme ne saurait plus faire avec le loup. Ou ne voudrait plus faire avec le loup ?
Éléments de réponse dans ce reportage vidéo où Actu-Environnement vous emmène sur les traces du prédateur dans la Drôme et les Alpes-Maritimes, un des plus grands foyers de prédation du pays.
Un reportage de Marie Jo Sader et Romain Pernot