Les sénateurs Joël Labbé et Alain Fauconnier, respectivement écologiste et socialiste, ont envoyé au ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire une lettre ouverte lui demandant de suspendre sans délai son autorisation de mise sur la marché du Cruiser, avant la commercialisation des graines de colza enrobées.
A la suite de la publication d'une étude sur l'impact du Cruiser sur les abeilles, même à faible dose, fin mars, le ministère de l'Agriculture a indiqué qu'il envisageait l'interdiction de l'usage de ce pesticide utilisé sur le colza, après ''réévaluation" du produit. L'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) est attendu d'ici la fin du mois de mai. "A ce jour, les semences de maïs enrobées ont déjà été commercialisées et semées pour une grande partie. Vous avez demandé l'avis de l'Anses pour le 31 mai. Cette date sera trop tardive pour l'interdiction de mise sur le marché des semences de colza enrobées. Un délai beaucoup plus court est absolument nécessaire pour qu'une interdiction effective de mise sur le marché des graines de colza enrobées au « Cruiser OSR » puisse être prononcée", soulignent les élus.
Pour appuyer leur demande, les sénateurs citent l'exemple de voisins européens, l'Allemagne, l'Italie, Slovénie, qui ont interdit soit l'enrobage des semences de maïs et de colza avec du Cruiser, soit l'utilisation de tous les insecticides néonicotinoïdes sur maïs.
"Nous déplorons que le gouvernement français reste ambigu sur ce dossier. Nous constatons que chaque année le « Cruiser » reçoit une Autorisation de Mise sur le Marché. Les annulations de ces autorisations décidées par le Conseil d'Etat à plusieurs reprises ne changent pas la réalité. Ces décisions du Conseil d'Etat interviennent tard, après les semis. Cet insecticide est donc bel et bien appliqué sur un grand nombre de semences en dépit de ses conséquences sanitaires et environnementales connues et reconnues".