Ce plan reprend les promesses de campagne d'Anne Hidalgo, candidate à la succession de Bertrand Delanoë, aux écologistes, entre les deux tours des municipales de mars dernier et formulées suite au pic de pollution atmosphérique (particules fines et oxydes d'azote).
Création de lignes de tramway, d'Autolib' et de Vélib', développement des pistes cyclables, mise en place des zones 30 et de zones de rencontre : "depuis 2001, l'action de la Ville a contribué à une baisse de 40% des particules fines et de 30% des oxydes d'azote", met en avant Anne Hidago en soulignant le bilan de la précédente mandature et du Plan climat de la Ville adopté en 2007. Mais selon Airparif, les Parisiens "restent trop souvent exposés à un air de mauvaise qualité".
Le nouveau plan de la municipalité vise comme "chantier" prioritaire de "retrouver un air de qualité à Paris", souligne Christophe Najdovski, ancien candidat EELV à Paris et aujourd'hui adjoint à la mairie en charge des transports.
La Ville doit "respecter les normes européennes en matière de pollution, on doit agir vite et fort", a-t-il ajouté. "C'est pourquoi, l'exécutif municipal appelle à accélérer la mobilisation de tous les acteurs concernés".
Circulation alternée
Ce plan s'articule en cinq mesures phares, dépendant néanmoins de l'action de l'Etat. La Ville demande de mettre en place la circulation alternée des véhicules de façon "systématique et rapide" si le seuil d'alerte pollution est atteint. Le 17 mars dernier, le Gouvernement l'avait imposée en Ile-de-France, ce qui avait entraîné la gratuité des transports publics - prônée par la mairie -, une mesure qui aurait toutefois coûté 3 à 4 millions d'euros par jour à l'échelle de la région. Interrogé sur les frais de cette mesure, Christophe Najdovski a souligné que le coût sanitaire et social de la pollution "était estimé à 20 à 30 milliards d'euros par an pour la France". La circulation alternée a permis une "baisse [moyenne] de 15% des émissions liées au trafic routier en particules PM10 et de 20% des émissions d'oxydes d'azote", selon le bilan de la mesure présenté le 14 mai par Airparif.
Autre mesure découlant du pic de pollution et mise en place dans la Ville : la gratuité du stationnement résidentiel décrétée dès le seuil d'information (50 microgrammes de particules fines par m3 d'air), sans plus attendre le seuil d'alerte (80 microgrammes). Le plan veut inciter à réduire l'usage de la voiture individuelle, "faciliter l'utilisation des transports collectifs, d'Autolib', de Vélib' et du covoiturage" en cas de pic, "tout en réduisant l'usage des véhicules municipaux polluants". La gratuité de Vélib' et d'Autolib' serait instaurée pendant une heure suivant les deux jours, après dépassement du seuil d'information.
La Ville entend également favoriser l'autopartage, en créant par exemple des centaines de places de stationnement dédiées. Une délibération portant sur l'extension du Tramway T3 à Pont de Garigliano et à Nation et à la mise en place de ligne de transports à haut niveau de service est également soumise au Conseil.
Sortie du diesel et zone à faible émission
Le plan prévoit également la fin à moyen terme du diesel dans la flotte municipale et dans les transports en commun. Le texte appelle "le STIF (1) à accélérer le renouvellement du parc de bus de la RATP, afin d'aboutir au plus vite à un parc non diesel" d'ici 2020. La flotte des véhicules municipaux sera convertie au moteur hybride ou électrique à l'horizon 2015 (5 millions d'euros sont prévus). Autre proposition : l'offre d'un Pass Navigo d'un an aux Parisiens qui abandonneront leur véhicule Diesel (sous réserve de discussions avec le STIF).
La Ville de Paris demande à l'Etat de mettre en place une politique nationale "cohérente et globale" sur le diesel, qui comprendrait "un rééquilibrage de la fiscalité et des mesures d'incitation au renouvellement du parc, assorties de mesures d'accompagnement social". Le Comité pour la fiscalité écologique (CFE) avait préconisé en avril 2013 une réduction progressive de l'écart de fiscalité avec l'essence, le gazole bénéficiant d'avantages injustifiables.
Enfin, Paris souhaite instaurer une zone à faible émission (Zapa) où l'accès serait limité ou interdit aux véhicules les plus polluants (automobiles, utilitaires, cars de tourisme, poids-lourds et deux-roues motorisés).Ce dispositif "irait de pair avec des mesures sociales d'accompagnement afin que les ménages les moins aisés et qui ne peuvent se passer de leur voiture (souvent ancienne) ne soient pas pénalisés. Pour être efficace, cette zone devrait s'étendre jusqu'à l'A86. Surtout, l'Etat doit au préalable créer le cadre législatif et réglementaire permettant d'instaurer l'identification et le contrôle des véhicules", a expliqué Christophe Najdovski. Ces mesures devront faire l'objet d'une concertation à l'échelle métropolitaine et régionale en associant Paris Métropole et tous les acteurs locaux (conseils généraux d'Ile-de-France, l'AMIF (2) , etc.).