Nourrir des poules avec des déchets de cuisine ça n'a rien de révolutionnaire mais c'est cette pratique que la Commission européenne compte bien généraliser et industrialiser en finançant le projet Noshan.
"Dans le monde, un tiers des aliments produits pour la consommation humaine est perdu ou gaspillé, soit au total 1,3 milliard de tonnes par an", rappelle la coordinatrice scientifique de Noshan, Mme Montse Jorba, du centre technologique Leitat en Espagne. "Ce sont les fruits et les légumes qui présentent le taux de gaspillage le plus élevé. On dilapide ainsi d'importantes ressources : de l'eau, des terres, de l'énergie, de la main-d'œuvre et du capital", ajoute-t-elle. Les travaux réalisés dans le cadre du projet Noshan permettront de transformer ces déchets alimentaires en aliments pour animaux.
L'équipe (1) a commencé en 2012 par constituer une base de données sur les ingrédients pouvant servir à la production d'aliments pour animaux. Les chercheurs sont par exemple en train d'isoler des fibres et des peptides fonctionnels, qui seront utilisés pour élaborer des produits adaptés à l'alimentation porcine et avicole. Lorsque le projet se terminera en 2016, l'équipe saura également quelles sont les meilleures technologies pour extraire et valoriser chaque type de déchets.
Les enjeux autour de ce projet sont nombreux : débouchés pour les déchets alimentaires, réduction de l'importation d'aliments pour animaux, création d'une filière industrielle et des emplois associés...
L'approche du projet Noshan limite également la concurrence de plus en plus vive entre la production de denrées alimentaires humaines et celle d'aliments pour animaux, qui ont toutes deux besoin de terres et d'eau.