Les chiffres de l'exposition professionnelle aux rayonnements ionisants pour 2018 ne sont pas bons. Réalisé par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ce bilan (1) montre une augmentation de la dose individuelle moyenne de 11 % par rapport à 2017 pour l'exposition externe des travailleurs. Cette valeur s'élève à 0,80 millisieverts (mSv). Hors aviation (2,10 mSv), les domaines du nucléaire (1,40 mSv) et de l'industrie (0,88 mSv) sont ceux où les travailleurs reçoivent les doses les plus élevées. Ces doses sont en hausse, respectivement, de 9 % et de 6 % par rapport à 2017. Dix travailleurs ont dépassé la limite annuelle réglementaire de 20 mSv, dont huit retenus par défaut et deux confirmés dans le secteur médical.
Quant aux expositions internes des travailleurs, la surveillance de routine, c'est-à-dire en conditions normales de travail, montre un taux de 0,4 % d'examens positifs. En revanche, ce taux est de 14 % en surveillance spéciale, c'est-à-dire lorsqu'un événement avec suspicion de contamination est intervenu (à 90 % dans le secteur nucléaire) : cette proportion est en hausse de 2 % par rapport à 2017. La surveillance de l'exposition interne concerne les salariés amenés à travailler en présence de sources non scellées et susceptibles d'être contaminés par inhalation, pénétration transcutanée, blessure ou ingestion.
L'IRSN fait un focus particulier sur l'exposition des travailleurs du secteur du démantèlement nucléaire, sur les trois sites du CEA de Fontenay-aux-Roses, de la centrale EDF de Chooz et des ateliers Orano de La Hague. "L'ensemble des travailleurs des trois sites étudiés présentent des expositions externes globalement faibles", indique l'IRSN. En revanche, 28 % des travailleurs analysés présentent des résultats positifs en ce qui concerne l'exposition interne. "Peu présent pour les installations en exploitation, le risque d'exposition interne peut être accru dans la phase de démantèlement dès lors que les opérations génèrent la mise en suspension de radionucléides", analyse l'Institut.
Le focus spécial sur les travailleurs prestataires du nucléaire montre, de son côté, que ces travailleurs présentent une dose individuelle moyenne parmi les plus élevées (1,81 mSv contre 1,68 mSv en 2017), toutefois loin de celle de la fabrication du combustible (2,59 mSv). De manière générale, "les travailleurs prestataires les plus exposés en moyenne sont ceux en CDI qui exercent dans la spécialité de maintenance en tant qu'itinérant", indique l'IRSN. La dose individuelle la plus forte enregistrée en 2018 s'élève à 15,2 mSv et concerne les techniciens électriciens/électroniciens de maintenance, itinérants en CDI.