Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

La plantation de haies est victime de son succès

Le Pacte en faveur de la haie prévoit une augmentation nette de 50 000 km de haies en France d'ici à 2030. Celles-ci offrent de nombreux services environnementaux. Mais l'approvisionnement en végétaux patine. Reportage.

Les haies bocagères sont en voie de disparition : 70 % ont été effacées du paysage depuis 1950, notamment pour répondre aux enjeux d'une agriculture industrielle intensive. Et ça s'accélère ces dernières années, selon de récentes études : 23 000 km de haies sont tombés entre 2017 et 2021.

Pourtant, en plus de constituer une solution efficace pour lutter contre le réchauffement climatique, les haies offrent de nombreux autres services environnementaux sur l'exploitation agricole, comme l'explique Fabien Liagre, ingénieur, chercheur pour le bureau d'études Agroof et cofondateur de l'Afac-Agroforesterie, le plus grand réseau agroforestier en France. Regarder le reportage vidéo.

L'État a récemment pris conscience de la situation. En 2021, 45 millions d'euros ont été attribués à la plantation de 7 000 km de haies et d'alignement d'arbres intraparcellaires. Un objectif fixé initialement à… 2024. Mais depuis la mise en place de ces aides, les pépiniéristes sont dévalisés. Du moins, ceux qui produisent les espèces d'arbres et d'arbustes recherchés. Des espèces variables selon les localités. En effet, pour que les haies soient résilientes et qu'elles apportent tous les bienfaits environnementaux attendus sur le long terme, les végétaux plantés doivent être locaux, selon Fabien Liagre.

Conséquence, il y a des ruptures d'approvisionnement et les prix s'envolent, de 25 %, voire de 50 %, selon certains témoignages. Ce qui impacte les projets en développement. Autre conséquence, les organismes chargés d'accompagner la plantation, comme les bureaux d'études, sont contraints de s'approvisionner à l'étranger.

L'État a annoncé pour septembre 2024 un Pacte en faveur de la haie. À nouveau, 110 millions d'euros contribueront à la plantation cette fois de 50 000 km de haies d'ici à 2030. Et aussi à payer des organismes pour le conseil et le suivi durable des plantations. En effet, un certain nombre d'entre elles échouent ou sont laissées à l'abandon. Il va falloir aussi aider à l'installation de nouvelles pépinières. Selon Fabien Liagre, « il faudrait au moins multiplier par deux ou par trois le nombre de pépinières, voire par cinq ou six pour les petites », qui répondent parfois mieux aux besoins locaux.

La marque Végétal local est une marque collective de l'Office français de la biodiversité, créée à l'initiative des conservatoires botaniques nationaux, de l'Afac-Agroforesterie et de Plante et Cité. C'est un outil de traçabilité des végétaux sauvages et locaux. Il s'agit de favoriser des espèces locales issues de collectes en milieu naturel sans avoir subi de sélection par l'homme ou de croisement. Objectif : assurer une meilleure résilience des plantations, mieux adaptées aux climats et aux écosystèmes. Aujourd'hui, 121 producteurs en France bénéficient de cette marque. Elle permet aussi d'obtenir une bonification des aides.

Benjamin Gourlin nuance cette situation de pénurie au niveau nationale. Il est chargé de projet d'accompagnement de la filière ligneuse de la marque végétal local pour l'AFAC agroforesterie. « On estime que la filière française sera en capacité de produire aux alentours de 5,7 millions de plants pour 2024 et avec les aides aux pépinières, et compte-tenu du nombre de candidats à la marque annoncés pour 2024 et 2025, ce chiffre pourrait passer à 9 millions en 2026, soit plus qu'il est nécessaire pour répondre aux seules ambitions du Pacte en faveur de la haie ».

Il ne partage pas l'idée d'augmenter le nombre de pépinières mais plutôt d'accompagner celles qui existent à se développer, quelque soit leur taille et modèle de production. Il ne veut pas laisser croire qu'il y aurait un marché dans les années à venir pour des dizaines de nouveaux producteurs.

Réactions8 réactions à cet article

bonjour,
bien sûr certains arbres doivent être semés ou plantés, mais beaucoup de bouturent et ça va aussi vite.
restent les prédateurs, chevreuils, sangliers ragondins.
il faut donc les détruire, mais on fait comment si on n'est pas chasseur ?

pemmore | 07 mars 2024 à 17h43 Signaler un contenu inapproprié

L'approche du 1er avril fait déjà sentir ses effets. Les haies continuent d'être arrachées dans mon secteur, y compris au silo local, Eure & Loir. Cela coûte moins cher que de les tailler et entretenir. Nous avions récupéré des arbustes de haies arrachées alentour, avant leur brûlage au mazout. effectivement, il faut les entretenir, ces haies, payer des professionnels équipés, ce qui crée des emplois, nous payons et nous avons la déduction fiscale. En plus les câbles se prennent dedans si on les laisse monter. Le bois coupé sert pour faire des fagots, ou maintenant du compostage et des granulés à brûler.
J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de baratin dans ces annonces, il faudrait enquêter sur le terrain, ce qui souvent apporte des désillusions.

28plouki | 08 mars 2024 à 09h14 Signaler un contenu inapproprié

Pemmore dit : "restent les prédateurs, chevreuils, sangliers ragondins.
il faut donc les détruire"
C'est aller à l'encontre de la protection de la Biodiversité ! Protéger plutôt vos plantations de haies !!!
Pour revenir au Pacte en faveur de la haie : en Wallonie, notre ministre de l'environnement, Mme Céline Tellier (Ecolo), a programmé la même action intitulée "Yes, We Plant" il y a quatre ans. Succès indéniable et même problème d'approvisionnement ! Peut-être que la France pourrait tirer des leçons et s'inspirer de sa petite voisine, la Wallonie ;-)

ETPFR | 08 mars 2024 à 09h47 Signaler un contenu inapproprié

Allez, ne pas s'inquiéter, le gouvernement va encore revenir sur cette décision, comme lors des manifs paysannes, il n'y aura pas de risque de manque de plantations !

dmg | 08 mars 2024 à 10h40 Signaler un contenu inapproprié

C'est une bon programme qui va dans le bon sens.
Arrêtons chaque fois de chercher la bête dans toute action gouvernementale !
Nul n'est parfait.

Erikk | 08 mars 2024 à 16h51 Signaler un contenu inapproprié

bonjour,
la question est de savoir pourquoi les haies en pays de bocage ont disparu. ces
la réponse est simple, si elles existaient c'etait à cause de l'assolement plutôt quinquennal que triennal, 3 Cad. 3 années les vaches 2 ans les céréales , les éleveurs ne gagnent plus leur vie. plus besoin de haies pour protéger les vaches.
le jour où on payera le lait la viande de veau de boeuf au prix qui convient elles reviendront suffit de laisser faire la nature, les aubépines les ronces , les noisetiers , les cormier
s, les eglantiers va pousse tout seul.

pemmore | 20 mars 2024 à 22h54 Signaler un contenu inapproprié

Je suis désolé Penmore, mais votre réponse est incorrect. La perte des haies a commencé avec le "remembrement" des années 50. C'était pour gagner en productivité avec une modernisation quasi forcée.

Erikk | 29 mars 2024 à 09h21 Signaler un contenu inapproprié

Nous avons acheté notre vieille ferme d' E&L en 1989, il y avait une haie qui bordait notre chemin d'accès, nous venions le samedi, un jour plus de haie... La voisine a dit qu'elle gagnait 4m2 de PAC par haie arrachée.
Par la suite son neveu a arraché tous les peupliers de l'allée qui menait chez eux. Puis d'autres haies. Et comme les agriculteurs ne sont pas payés pour entretenir, tailler, ma foi ça continuera.
Nous avons au contraire renforcé nos haies qui entourent notre terrain, cela nous protège efficacement du vent. Par contre en cas de forte sècheresse, certains arbres ne résistent pas, et le risque d'incendie est grand, il faut éviter les résineux à la mode. Entretenir une haie, c'est du travail, du matériel, l'agriculteur doit y trouver son compte, le paysage sera gagnant, la vie aussi.

28plouki | 29 mars 2024 à 10h38 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Baptiste Clarke

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires