La Région Bretagne va continuer de défendre la pêche hauturière, au grand dam d'associations environnementales comme Bloom. Pour la fondatrice de cette dernière, Claire Nouvian, cette décision est « rétrograde et sidérante ». Réunis à Rennes (Ille-et-Vilaine), le vendredi 16 février, les élus au conseil régional breton ont voté l'adoption d'une nouvelle feuille de route halieutique pour la période 2024 à 2027.
Celle-ci fixe les priorités d'action et de soutien envers les filières bretonnes (dont la flotte reste la plus grande de France), mobilisant parfois le Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l'aquaculture (FEAMPA). Elle couvre aussi bien le financement de l'hybridation des navires de pêche vers une motorisation électrohydrogène, pour décarboner progressivement la flotte, que des actions politiques pour inciter la réglementation communautaire européenne à « lever le verrou » des jauges (qui limitent la capacité de transport d'un navire, et donc sa taille). Dans le document (1) obtenu par nos confrères de Reporterre et de Splann!, la feuille de route insiste plus particulièrement sur les flottes hauturières ou semi-hauturières, dont il convient « d'assurer les conditions de financement (nécessaires) à leur renouvellement ». Ces flottes, composées de grands navires opérant en haute mer, engendrent le plus d'impacts environnementaux et dépendent le plus des subventions publiques pour survivre, selon un rapport de l'ONG.
« S'entêter à soutenir les méthodes de pêche les plus destructrices de la ressource, des habitats marins, des emplois et du climat n'est pas le fruit du hasard : c'est le résultat d'un lobbying forcené des pêcheurs industriels qui sont le porte-voix de la grande distribution, atteste l'association Bloom. C'est une trahison aux intérêts des Français et des pêcheurs artisans qui n'ont pas été consultés ni même mentionnés une seule fois dans le document de 112 pages alors qu'ils représentent la seule pêche "d'avenir" qui soit durable. » La décision du conseil régional de Bretagne intervient pourtant après que son vice-président, Daniel Cueff, ait indiqué la désolidarisation de la Région du projet de la Compagnie des pêches de Saint-Malo. Celle-ci va investir quinze millions d'euros dans l'exploitation de l'Annelies Ilena, un navire-usine de 145 mètres (avec un chalut de 600 mètres) également grandement critiqué par l'ONG.